Alors qui déborde ? La rivière ou l’Homme ?
De par les aménagements et ses activités, l’Homme impacte les phénomènes de crues. L’occupation des sols des bassins versants et des plaines inondables modifie l’écoulement naturel des eaux de pluie. Aussi, les aménagements et les actions sur les cours d’eau influencent fortement leur fonctionnement naturel et contribuent ainsi à aggraver les risques de débordement. En occupant les zones inondables, l’Homme s’expose à des inondations, deux villes sont particulièrement exposées : Vichy et Moulins.
Les opérations d’extraction de matériaux (gravières, sablières, carrières…) dans le lit des rivières ont un impact indéniable sur leur fonctionnement naturel. Les aménagements liés à l’exploitation des gravières peuvent être des obstacles à l’écoulement des crues et peuvent ainsi accélérer l’écoulement ou tout simplement modifier son trajet. L’extraction des granulats et les enrochements sont les principales causes de l’enfoncement du lit de la rivière. En effet, privée d’une partie de ses sédiments par les extractions, l’Allier compense son déficit en érodant son fond.
Les crues ne sont pas uniquement néfastes pour la rivière et pour l’Homme
Les crues sont des phénomènes naturels inévitables et nécessaires au bon fonctionnement du cours d’eau et de ses écosystèmes. Ce sont des processus morpho-dynamiques intenses qui permettent la régénération des milieux vieillissants, la création de vastes grèves, des érosions importantes… La capacité des crues à créer une grande mosaïque de milieux naturels (marais, bras morts, prairies inondables, grèves, atterrissements…) permet le développement d’une flore riche et variée et la création d’habitats diversifiés propices à accueillir les poissons, les oiseaux et autres espèces sauvages.
En amont, les crues permettent notamment de mobiliser des sédiments grossiers et de les transporter en aval, ce qui est un élément important pour les organismes aquatiques. En effet, le cycle de vie de nombreuses espèces est étroitement lié à un habitat composé de dépôts alluvionnaires grossiers. La faune piscicole de l’Allier est l’une des plus variées de notre pays. Selon l’Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA), une quarantaine d’espèces de poissons dont le saumon, le brochet, la grande alose et la lamproie marine fréquentent la rivière Allier et ses bras morts.
La création de bancs de sable et d’îlots vierges de toute végétation pendant les crues permet également la reproduction et la nidification de nombreux oiseaux. Ces milieux ouverts sont particulièrement appréciés des sternes, qui peuvent y nidifier en toute tranquillité et protéger leurs couvées des prédateurs. La pérennité de ces espèces et de ces espaces est paradoxalement conditionnée à leur destruction, notamment par les crues, sans quoi ils sont colonisés par la végétation. Les crues permettent ainsi d’offrir une nouvelle jeunesse à la rivière en la nettoyant.
Les crues sont ainsi nécessaires au maintien de la richesse écologique et elles participent également au rechargement des nappes alluviales. Ces événements se révèlent donc essentiels et permettent à l’Homme de disposer d’une eau en quantité et de qualité.